mardi 29 mars 2011

Carolo-Macérien

Aujourd'hui je vais me rendre dans une ville dans laquelle je ne suis pas vraiment allé depuis août 2005 : Charleville-Mézières.

Bien que j'y sois passé il y a deux ans pour faire des examens médicaux rapidement, j'ai réellement quitté cette ville en 2005.

C'est la seule ville que j'ai connu entre mes 18 mois et mes 16 ans. Suite à cela je suis parti à Reims pour finir mon lycée.

Que dire de Charleville-Mézières en 3 lignes... C'est la ville d'Arthur Rimbaud, sa place principale (la place Ducale) ressemble vaguement à la place des Vosges et c'est la capitale internationale des Marionnettes (si si, il y a une capitale internationale des marionnettes...).

J'ai eu une enfance protégée à Charleville, j'ai parcouru les écoles et collèges privés sans encombres, je vivais dans le calme paisible de cette ville de 60 000 habitants, je fréquentais les fils et les filles de notables, etc.

Rimbaud détestait cette ville, il trouvait qu'il y avait trop de bourgeois... Cela l'aurait étonné de voir la ville à la fin des années 80, une ville qui sombrait dans le chômage, dans la pauvreté dont les gens ont commencés à partir pour faire carrière (la ville a perdu 10 000 habitants depuis 1975).

La meilleure année que j'ai pu passer là bas était mon avant dernière année. J'étais en troisième, les cours étaient faciles, et j'étais ami avec le dernier de la classe (qui en fait était ami avec un de mes amis d enfance). Cela m'a permis de découvrir un peu la vie, de sortir du collège pour aller jouer au baby et au flipper dans les bars, de me balader sans avoir mes parents sur le dos toutes la journée comme ça avait toujours été le cas.
Pour autant c'est quand vous commencez à passer votre vie dans les bars, notamment à Charleville, que vous commencez à rentrer en contact avec une partie de la population que vous ne connaissez pas : Alcooliques, Chômeurs, Dealers notamment.
Quelques fois on a frôlé les bagarres, on s'est bizarrement retrouvé à sympathiser avec des délinquants (même si à aucun moment on ne pouvait leur faire confiance), on est devenu l'attraction de certains patrons de bar, etc. La vie, mais pas du même côté du miroir que l'éducation que l'on m'avait donné.

De cette année de troisième, j'ai gardé mon amour du flipper (c'est une des premières choses que j'ai acheté en emménageant dans mon appartement à Montpellier), cela a aussi certainement façonné une partie de ma relation à l'alcool. J'ai vu trop de gens complètement dépendants et au fond du groupe pour ne pas faire attention aux risques que l'alcool crée.

Je n'ai pas gardé de contact direct avec les Ardennes depuis mon départ pour Reims. Trop idiot pour comprendre la place que peuvent avoir les amis dans une vie, trop effrayé par cette ville aussi.

Effrayé car c'est la ville dans laquelle j'ai vécu mon premier grand choc avec le cambriolage de ma maison. C'est aussi la ville de ma première déception amoureuse, et surtout c'est la ville où mon père a trompé ma mère (ce qui est certainement encore le cas d'ailleurs...).

Comment trouver l'envie d'aller passer plus de deux heures dans cette ville, qui au final m'a apporté beaucoup de mal au cours de ma vie, qui a à la fois donné la stature qu'a ma famille, mais qui l'a aussi défaite...

Cela se passera au restaurant, de façon indolore, arrivée en voiture, parking, restaurant, paiement de l'addition par mon père, départ de Charleville...
Heureusement je sais que je pourrai parler avec C. après tout ça, tout simplement parce que je n'aurai pas envie de penser à cette ville, tout simplement parce que je n'aime pas regarder certaines parties de ma vie passée, et que parler avec C. me permet de me tourner vers l'avenir.

Vivement 15h aujourd'hui donc...

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